La banque peut-elle annuler une offre de prêt signée ? Ce que dit la loi

par Antoine Lemoine
Publié le : Mis à jour le :
La banque peut-elle annuler une offre de prêt signée ? Ce que dit la loi

Recevoir une offre de prêt immobilier signée par sa banque est une étape décisive avant la réalisation d’un projet important. Après avoir respecté le délai de réflexion légal et signé ce document, vous êtes désormais engagé, tout comme l’établissement financier. Pourtant, une inquiétude persiste souvent : la banque peut-elle revenir sur sa décision et annuler cette offre ? La loi encadre bien cette question. En principe, cet engagement est définitif, mais des cas exceptionnels et rares permettent une annulation. Plus de précision dans cet article.

Quelle est la valeur juridique d’une offre de prêt signée ?

Une fois que la banque vous transmet une offre de prêt, elle ne peut pas la modifier pendant une durée minimale de 30 jours pour un prêt immobilier. Cette période vous est réservée pour étudier les conditions du crédit. Après réception, la loi vous impose un délai de réflexion obligatoire de 10 jours calendaires avant de pouvoir l’accepter.

Lorsque vous signez et retournez cette offre après ce délai, un contrat est formé et lourd de conséquences pour les deux parties. Pour vous, il signifie l’obligation de rembourser le capital et les intérêts. Pour la banque, il représente un engagement ferme de mettre les fonds à votre disposition. Le Code de la consommation est très clair sur ce point : l’offre acceptée a valeur de contrat. En d’autres termes, la banque ne peut pas simplement changer d’avis. 

Dans quels cas exceptionnels la banque peut-elle se rétracter ?

Malgré le caractère définitif de l’engagement, la loi et la jurisprudence prévoient des circonstances exceptionnelles qui autorisent la banque à annuler une offre de prêt après signature. Ces situations sont très limitées et visent à protéger l’établissement financier d’un risque aggravé ou d’une fraude.

Le scénario le plus grave et le plus susceptible de provoquer une annulation est la découverte par la banque d’une fausse déclaration lors de la constitution de votre dossier. Si l’établissement prouve que vous avez sciemment dissimulé une information qui aurait modifié son évaluation du risque (un crédit en cours, une situation professionnelle précaire, faux bulletins de salaire), il est en droit de demander la nullité du contrat de prêt pour ‘’dol’’ ou ‘’fausse déclaration intentionnelle’’. Cette annulation peut avoir des conséquences sévères, car la banque peut exiger le remboursement immédiat des sommes déjà versées.

Une autre situation courante est le non-respect d’une condition suspensive inscrite dans l’offre de prêt. Ces conditions doivent être explicitement mentionnées dans le contrat pour être valables. Il peut s’agir de :

  • la souscription obligatoire à une assurance emprunteur. Si vous n’obtenez pas cette assurance ou si vous ne fournissez pas l’attestation, la banque peut refuser de débloquer les fonds ;
  • l’obtention d’autres prêts nécessaires au financement global du projet (prêt à taux zéro, prêt Action Logement…) ;
  • une condition de domiciliation des revenus, même si sa validité est sujette à débat.

Enfin, un changement majeur et imprévisible dans votre situation personnelle (perte d’emploi, invalidité) survenu entre la signature de l’offre et le déblocage des fonds pourrait dans certains cas être un motif de réexamen du dossier. 

Quels sont vos recours en cas d'annulation injustifiée par la banque ?

Quels sont vos recours en cas d’annulation injustifiée par la banque ?

Si la banque annule votre offre de prêt sans invoquer une condition suspensive non remplie ou une fausse déclaration prouvée, elle commet une faute. Cette annulation abusive peut vous causer un véritable préjudice, notamment la perte du bien immobilier souhaité et des frais liés à une éventuelle clause pénale envers le vendeur sans oublier la nécessité de rechercher un nouveau financement dans des conditions moins attractives.

Face à une telle situation, vous avez le droit de contester cette rétractation. La première étape consiste à envoyer une lettre de mise en demeure par courrier recommandé avec accusé de réception en rappelant à la banque ses obligations contractuelles. Si cela ne suffit pas, vous pouvez faire appel au médiateur bancaire. En dernier recours, une action en justice est envisageable pour forcer l’exécution du contrat et demander des dommages et intérêts pour le préjudice subi.

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